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Rupture syndicale annoncée en Afrique du Sud

Lien publiée le 29 octobre 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://blogs.mediapart.fr/blog/jacqueline-derens/291014/rupture-syndicale-annoncee-en-afrique-du-sud

La rupture annoncée depuis un an entre la centrale syndicale Cosatu et son plus gros syndicat, le Numsa, syndicat des métallurgistes, semble être imminente. La décision tant de fois annoncée, puis remise à plus tard, sera prise le 7 novembre prochain. Un nouveau paysage politique et un nouveau rapport des forces est en train de prendre forme en Afrique du Sud

 Si l’Anc et le Parti communiste sud-africain sont des mouvements anciens, respectivement crées en 1912 et 1921, qui ont marqué l ‘histoire de l’Afrique du Sud, le Cosatu, bien qu’héritier des luttes syndicales menées tout au long du 20eme siècle par la classe ouvrière sud-africaine, ne date que de 1985, et la fusion de ces trois formations dans ce qu’on appelle la triple alliance date de 1990.

Cette alliance entre un mouvement de libération nationale, un parti communiste et une centrale syndicale avait pour objectif commun de mettre fin au régime d’apartheid et de mettre en route la Révolution nationale démocratique dont les grands principes reposent sur la Charte de la Liberté adoptée en 1955.

Avant l’arrivée au pouvoir de l’Anc par des élections au suffrage universel, le trio avait élaboré un Programme de reconstruction et de développement, le RDP, un programme ambitieux de redistribution des richesses qui aurait donné à chacun l’accès à l’éducation, à la santé, au logement, à la terre avec un rôle important de l’Etat et des nationalisations.

Mais ce programme s’est infléchi  très vite sous l’influence des institutions internationales, Fmi et Banque mondiale, et la peur de voir les investissements étrangers fuir un pays qui aurait eu une politique trop « à gauche » a vite donné champ libre aux tenants d’une politique néo libérale inscrite dans le marbre du programme économique Gear, Croissance, Emploi et Redistribution.

Le Gear en privatisant, en  favorisant les investissements étrangers directs et en adoptant les lois du marché selon lesquelles la croissance doit automatiquement bénéficier à tous, n’a pas tenu ses promesses. La croissance stagne, les emplois disparaissent, le chômage augmente et la pauvreté reste le lot de la majorité de la population. Le nouveau programme NDP, Programme de développement national  a bien du mal à se concrétiser et la promesse de la création de milliers d’emplois semble s 'évanouir avec la casse des emplois.

Les dissensions au sein de la triple alliance ne datent pas d’aujourd’hui et le serpent de mer de la rupture de ce ménage à trois a alimenté bien des chroniques et fourni des titres à sensation, mais aussi de sérieuses analyses sur le flou de la politique économique de l’Anc. Le congrès de l’Anc à Polokwane qui a vu l’éviction de Thabo Mkebi au profit de Jacob Zuma soutenu par le Cosatu, parce qu’on le croyait prêt à mener une politique plus favorable aux  travailleurs et aux , été la partie visible de l’iceberg fissuré de l’alliance.

C’est bien parce qu’il s’agit de profondes divisions politiques au sein de l’Alliance que l’Anc a nommé Cyril Ramaphosa, un ancien syndicaliste, à la tête d’une équipe chargée de ramener les fortes têtes  à la raison en utilisant la recette éprouvée de la nécessité de l’unité au sein de l’alliance.  Mais le Numsa pose la question de l’utilité de cette alliance alors qu’il désapprouve la politique menée par le gouvernement et son secrétaire Irvin Jim a qualifié de « farce » l’intervention de l’Anc pour régler des divisions syndicales.

Le Numsa rejette  en bloc la politique économique menée par le gouvernement et pour rendre ce rejet bien clair, il avait annoncé en décembre 2013 qu’il n’appellerait pas à voter Anc aux élections de mai 2014. Irvin Jim accuse l’Anc de rejeter toute politique qui transformerait radicalement l’économie du pays au profit de la majorité de la population, au lieu de rester aux mains d’une poignée de capitalistes blancs et noirs.

Si le Numsa est exclu du Cosatu, ce qu’il ne souhaite pas, d’autres syndicats suivront, huit avait déjà rallié la position du Numsa en refusant d’appeler à voter Anc en mai 2014.  Le Numsa, souhaite la convocation d’un nouveau congrès pour élire une nouvelle direction, mais cette option est rejetée par la direction actuelle qui semble bien décidée à exclure les métallurgistes qui forment le gros de ses troupes avec 340 000 adhérents.

En attendant le Numsa a annoncé le lancement d’un nouveau parti : un Front uni pour le Socialisme, en décembre prochain. Ce parti devrait rassembler des organisations de la société civile. Les contours de cette nouvelle formation sont encore flous, mais son existence même va remodeler le paysage politique de l’Afrique du Sud.