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CGT: Jean-Pierre PAGE répond à Jean-Louis MOYNOT

syndicalisme

Lien publiée le 30 décembre 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.frontsyndical-classe.org/2014/12/jean-pierre-page-repond-a-jean-louis-moynot.html

Nous publions la réponse de Jean-Pierre Page à l'article de Jean-Louis Moynot paru dans Le Monde du 18 décembre.

Jean-Louis Moynot a été membre du Bureau confédéral de la CGT de 1967 à 1981 dont il démissionne à l'époque pour désaccord sur l'orientation.

Jean-Pierre Page a été membre de la Commission exécutive confédérale durant une vingtaine d'années, responsable du département international de la CGT.En 1999 il quitte la CE de la CGT vraisemblablement sur injonction de la CES au moment où la CGT y est admise.

Inutile de préciser que nous partageons les analyses de J.-P. Page dans sa réponse à Jean-Louis Moynot débouchant sur la demande de démission de T. Lepaon, de la CE et du Bureau confédéral et l'organisation d'un congrès extraordinaire en vue de préserver l'unité de la CGT et la fidélité à ses principes fondateurs.

D'autant que les militants et adhérents du Front Syndical de Classe sont signataires de l'appel "Défendons la CGT".

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Thierry Lepaon, la CGT et une tribune de

Jean-Louis Moynot.

J’ai lu avec intérêt la tribune de Jean-Louis Moynot dans le Monde du 19 décembre 2014. Il dresse un constat sévère de l'état de la CGT, et conclut par le nécessaire départ de Thierry Lepaon. Comme Jean-Louis Moynot je suis arrivé à la même conclusion mais pour d'autres raisons. En fait pour des raisons opposées aux siennes.

Jean Louis Moynot a été un dirigeant de la CGT, il a défendu ses idées il n'a pas été suivi et en a tiré les conséquences. Ce n'était certainement pas une décision facile à prendre d’autant que son attachement à la CGT ne s’était jamais démenti. Mais courageusement il l'a prise. C'était un débat de fond qui touchait à la stratégie et aux orientations de la CGT.

Cela n'avait rien à voir avec des pratiques contraires à ce que  sont les valeurs de la CGT, ce qui est l'éthique et l'histoire  du mouvement ouvrier de notre pays. A l’inverse Thierry Lepaon lui, fait un choix contraire à celui de Jean Louis Moynot. Il s'accroche à son poste au risque de diviser durablement la CGT !

Déjà celle ci doit faire face à une perte de crédibilité pourtant acquise par plus d’un siècle de dévouement, d’abnégation et de sacrifices de générations de militants. On ne peut par conséquent que se poser des questions sur les raisons qui inspirent cet aveuglement de Thierry Lepaon. Comportement totalement irrationnel ou autre chose?

Contrairement à Jean-Louis Moynot je ne fais pas le même bilan sur les causes de la crise que traverse la CGT, crise qu’on ne saurait dissocier de celle du syndicalisme en France, en Europe et dans le monde.

Pour ma part je pense que ces 20 dernières années ont été caractérisées par un étouffement du libre débat sur ce que doit être notre vision du syndicalisme du 21 ème siècle face à une crise systémique du capitalisme, un aiguisement des luttes de classes et des tensions internationales sur de nombreux sujets.

Plutôt que d’élever le niveau de sa riposte la direction de la CGT à préféré faire le choix d’un volontarisme totalement coupé des réalités. La priorité est ainsi devenue la mise en œuvre d'une orientation qui doit tout à l'accompagnement des politiques sociales libérales en France et en Europe, un refus d'organiser les convergences des luttes, une vision du syndicalisme rassemblé à sens unique qui s'est faite à son détriment et donc du rapport des forces, un abandon de notre action en faveur du renouveau du syndicalisme européen et international comme l’avait pourtant décidé le 45ème congrès!

Le syndicalisme dont la CGT se prévaut donne ainsi l’impression d’être dans une impasse, incapable d’anticiper, et de se faire entendre de la masse des travailleurs. Elle s’est même progressivement coupée de ceux, en particulier les chômeurs et les précaires qui sont devenus les laissés pour compte ! Ne sommes nous pas passés d’un “monde de pauvres sans travail à un monde de pauvres avec un travail”? Que faisons nous  ?

Ainsi malgré la prise de pouvoir “des usurpateurs” comme Susan George nomme les multinationales malgré l’Europe vassale qui a élevé l’Euro au rang de nouvelle religion et malgré des institutions syndicales qui ne sont que des rouages de l’UE la CGT a persévéré dans une voie sans issue! Ce n’est pas la CES/CSI ou la CFDT qui ont changé mais bien la CGT.

C’est sur ce fond de scène que depuis des années le refus d’entendre et de débattre est devenu dans la CGT une seconde nature, le culte du dialogue social avec le patronat et les gouvernements de droite comme de "gauche" est devenu un passage obligé! Tout cela a été aggravé par la lutte des places, celle des clans et des courtisans. Cela a conduit à un recul sans précèdent de la démocratie interne.

Comme Jean-Louis Moynot j’ai connu une époque ou les débats internes étaient fermes et d’un contenu élevé, aujourd’hui on se complait dans des discussions d’édredons, tout en veillant à en exclure ceux qui ne partagent pas la vision des dirigeants et qui osent le dire.

L’institutionnalisation, la bureaucratisation et même la corruption ont conduit notre syndicat à prendre de plus en plus des distances avec les lieux de travail, les militants d’entreprises, les luttes et les solidarités pour lesquels nous sommes censés exister.

Quel serait l’intérêt d’une CGT ne vivant que pour elle-même  ?

Il faudrait peut être qu’un jour la direction de la CGT se demande pourquoi l’abime s’est creusé à ce point entre son sommet et sa base. En fait nous assistons à une cacophonie ou l’on ne comprend qu’une chose la CGT n’est plus la même. On a même fait écrire sur le sujet un livre par une journaliste des Echos, livre qui par ailleurs fourmille d’idées reçues et d’inexactitudes.

Dorénavant la référence est devenue pour les dirigeants confédéraux le modèle du syndicalisme européen version CES. Louis Viannet m’a dit une fois “nous ne resterons pas le dernier carré”. Où en sommes-nous aujourd’hui?

A cause de ce conformisme ou plutôt de cette mise en conformité la CGT a été conduite à remettre en cause son identité, son indépendance et ce qui faisait sa singularité dans le syndicalisme en France, en Europe, dans le monde. Aujourd’hui elle cherche à se situer en démontrant qu’elle a changé, qu’au fond elle est une organisation comme les autres dans le monde bien policé du syndicalisme d’accompagnement. Pour le prouver, elle pratique depuis plusieurs années une forme de contrition d’autant plus surprenante qu’on ne le lui a pas demandé.

Nul ne saurait nier que le syndicalisme doit changer, bouger et tenir compte du monde dans lequel nous vivons! Mais dans le cas de la CGT cela ne s’est pas fait avec continuité dans le respect de ce qu’elle est (ou était), mais au prix d’une rupture avec ce qui était sa vision, ses principes, son identité.

En fait la CGT a un problème existentiel, elle ne sait plus dans quel camp elle est. Pourtant comme le disait Elsa Triolet “les barricades n’ont que deux cotés”. Il lui faut donc choisir!

Ce choix est devenu un enjeu pas seulement syndical mais aussi politique. Chacun mesurant ce a quoi conduit un changement de et dans la CGT.

Jean Louis Moynot qui n’a pas fait preuve d’indifférence à ces bouleversements auxquels nous assistons nous propose de persévérer dans cette voie! Or où en sommes nous?

Soyons pour une fois lucide: le syndicalisme européen est une faillite. Il est paralysé, en panne d’idées, artificiel, inexistant et comme KO debout. Ce syndicalisme de l’échec c’est ce que nous connaissons en France mais aussi, en Espagne, en Grande Bretagne et en Allemagne ou même le système de “cogestion” a été abandonné alors qu’il n’était rien d’autre qu’une version de l’association capital/travail! Dans tous ces pays comme dans le reste de l’UE non seulement aucun résultat n’a été obtenu ces dernières 25 années mais en plus le chômage et la pauvreté ont explosé, toutes les garanties sociales sont remises en cause, le service public est liquidé, le syndicalisme s’est partout affaibli en influence comme en force organisée.

En Grèce la politique de l’UE a précipité des centaines de milliers de personnes dans l’incapacité de recourir aux soins, les retraites ont été considérablement diminuées, la pauvreté revêt désormais un caractère de masse. La Grèce est-elle le laboratoire expérimental imposé demain à l’ensemble des populations des pays de l’Union européenne et notamment la France ? Déjà dans sa directive Marchés publics, l’UE a introduit la possibilité d’une mise en concurrence des régimes obligatoires de protection sociale…

C’est là le seul bilan du dialogue social européen a l’égard duquel la CES procède par incantations dans l’espoir vain de voir changer les choses! Elle demeure ce qu’elle est au fond un rouage des institutions européennes!

Cela pourrait d’ailleurs s’appliquer également à la CSI(Confédération Syndicale Internationale) dont Jean Louis Moynot a été un des avocats auprès de la direction de la CGT.

Jean-Louis Moynot parle de “transformation du capitalisme” ! Mais de quelle transformation s’agit il? Le MEDEF comme le patronat européen ne donnent ils pas à eux seuls l’image de ce que peut être la rapacité du capital, son caractère foncièrement réactionnaire, totalement dépassée par les exigences de développement social et culturel de notre temps. Le capitalisme n’est il pas partout dans le monde synonyme de régression et de guerres, n’est il pas devenu un système anachronique. Au fond “la transformation du capitalisme” c’est avant tout et plus que jamais toujours du capitalisme! Pourquoi dire et faire comme si cela n’était pas le cas?

La question se pose donc en ces termes: somme nous oui ou non pour un aménagement du système en quelque sorte un capitalisme à visage humain ou pour reconnaître la contradiction fondamentale de l’opposition capital/travail et donc lutter pour une rupture et un autre choix de société!

A cette question légitime nous préférons jusqu’à présent ne pas répondre et entretenir une ambiguïté.

Par conséquent il ne faut pas chercher bien loin les raisons de cet immobilisme du syndicalisme et de la CGT qui provoque son déclin comme force sociale, et l’affadissement de son projet d’émancipation humaine.

Voila pourquoi la CGT est confrontée non pas à des problèmes de dysfonctionnements mais bien à la place qui doit être la sienne et donc à la stratégie qu’elle se doit de suivre.

Malgré ces évidences Thierry Lepaon et son équipe dont l’échec est patent nous parlent de changer mais dans une sorte de continuité, en quelque sorte comme le disait Lampédusa “ il faut que tout change pour que tout reste identique”. Quant à Jean-Louis Moynot il nous propose de nous recentrer sur le modèle syndical européen comme la CES qui s’était indignée du vote massif des travailleurs français en faveur d’un rejet du projet de constitution européenne et ce à l’appel entre autre de la CGT.

Pour ma part je pense que nous devons faire le choix de principes, ceux du syndicalisme de classe, indépendant et démocratique. Ce ne sont pas des formules de rhétorique voila pourquoi il faut leur donner du sens dans ce qui est notre pratique syndicale quotidienne et à tous les niveaux sans en exclure aucun  ! L’unité et la cohésion de la CGT s’en trouveraient renforcées d’autant que s’il est une chose qui ne saurait se négocier ce sont bien les principes!

Ces principes ont toujours donné lieu dans la CGT, le Mouvement syndical français et international à des débats allant parfois jusqu’à la division et la scission. Ils furent depuis la naissance de la CGT animés d’une part par les tenants d’une vision réformiste et de collaboration de classe avec la bourgeoisie et d’autre part par les partisans d’une conception de luttes des classes et de rupture avec le capitalisme! Pour autant ce sont, ses débats, ses victoires et ses défaites qui ont forgé la CGT tout au long de son histoire, une histoire fondée sur les valeurs inséparables qui sont celles du Mouvement ouvrier français et international. Pendant près d’un siècle, elles ont valu un grand prestige international à la CGT  !

Au fond cette crise de la CGT peut contribuer à clarifier bien des choses. Si elle lui fait courir des risques évidents elle lui offre également l’opportunité de se dépasser en prenant les décisions qui s’imposent et que réclament un grand nombre de ses adhérents afin d’en sortir par le haut. C’est ce que propose l’appel “Défendons la CGT  » d’ores et déjà soutenu par près de 700 militants et militantes et des dizaines d’organisations, nombre qui ne cesse de progresser. C’est la raison pour laquelle je le soutiens!

IL faut des actes forts, inciter partout à la libre parole, se réapproprier la CGT et décider par nous mêmes comme avec les travailleurs de quelle CGT nous avons besoin!

C’est pourquoi Thierry Lepaon doit démissionner, il est devenu un obstacle à l’unité et la cohésion de la CGT mais c’est également le cas du bureau confédéral, et de la commission exécutive confédérale. Ils ont perdu toute légitimité. Enfin il faut que le CCN comme il en a le pouvoir décide d’un Congres extraordinaire dans les meilleurs délais  ! Le CCN doit mettre en place un collectif transitoire jusqu’au Congrès avant la fin de 2015 afin d’animer le travail confédéral et impulser la bataille revendicative, les luttes et la préparation du 51ème Congres de la CGT.

Jean-Pierre Page

Ancien membre de

la Commission exécutive confédérale de la CGT

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Jean-Louis Moynot CGT : pourquoi Thierry Lepaon doit
démissionner


Le Monde du 19 décembre 2014


Au-delà du nécessaire départ de son secrétaire général, le syndicat
doit vite s'interroger sur ses rendez-vous manqués et la crise
démocratique profonde qui obère son avenir.
La crise profonde que traverse la CGT a un caractère historique pour
deux raisons. La première est qu'elle est sans précédent. La seconde
raison, beaucoup plus fondamentale, est que, derrière la " guerre des
chefs " et les fautes graves commises par l'actuel secrétaire général, il y a une accumulation historique de questions stratégiques non résolues parce qu'elles n'ont pas été débattues au grand jour.
Le résultat de cette carence de démocratie est que la CGT reste
enfermée sur elle-même, dans des structures et des idées qui datent de périodes révolues, qu'elle se fractionne de manière presque illisible, qu'elle ne parvient pas à produire une analyse des principaux traits du capitalisme contemporain et qu'elle a été incapable jusqu'à présent d'élaborer une stratégie syndicale unique, cohérente, efficace et
susceptible de converger avec les efforts du syndicalisme européen et mondial dans le même sens.
Il faut bien sûr faire la part de la crise que provoquent la mondialisation sous domination des multinationales, la financiarisation du capital, la spéculation et le pouvoir des banques, l'incapacité des Etats et des instances internationales à répondre aux enjeux écologiques et à parer aux dangers qu'ils comportent. La complexité de cette transformation du capitalisme et des sociétés humaines n'est que faiblement comprise et intégrée, et cela entraîne un mouvement général de déclin du syndicalisme mondial.
On doit malheureusement reconnaître que la CGT est dans le peloton de tête des syndicats en déclin, en tout cas en Europe. Elle perd à nouveau de l'influence et des adhérents, parce que ses mots d'ordre ne répondent pas assez à la structure actuelle du salariat, non plus qu'aux problèmes et aux attentes des salariés.
Je ne cherche nullement à alourdir les difficultés de la CGT. J'ai décidé de me syndiquer à la CGT au tout début de mes études. J'ai fait mes armes syndicales à l'UNEF, et politiques contre la guerre d'Algérie. Le
sens principal de ma vie est mon engagement syndical à la CGT, qui
s'est notamment concrétisé par quinze ans à la direction de la
confédération. J'ai pris ma première carte le 1er mai 1962 au Syndicat des métaux de La Ciotat, et les suivantes au SNCIM (Syndicat national des cadres et ingénieurs de la métallurgie). Cela fait cinquante-deux ans que je suis adhérent et militant de la CGT. C'est à ce monde que
j'appartiens.


Démocratie de masse


Ce qui m'importe est que la CGT ouvre ses portes et ses fenêtres pour engager tous les débats nécessaires. Tout cela (et bien d'autres sujets d'importance majeure) s'est inscrit dans un mouvement qui, de 1968 à 1978, avec des avancées, des blocages et quelques hésitations, est allé dans le sens du développement d'une démocratie de masse concernant à la fois les organisations confédérées, la représentation syndicale dans les entreprises (conquise en 1968), les syndiqués, les salariés, les
institutions où siègent les syndicats et la représentativité nationale.

Cela a été le grand combat de Georges Séguy, à partir du rétablissement de la CGT dans ses droits en mai 1968, combat dont l'apogée a été le 40e congrès (Grenoble 1978) et auquel j'ai pleinement adhéré.
Mais l'orientation du congrès, résolument démocratique et unitaire, a été rapidement stoppée et refoulée. L'important est de savoir que la CGT a connu de ce fait une période de plus de dix ans d'isolement,
d'affaiblissement, de perte sévère d'effectifs et de stagnation de son
influence. Inversement, la période suivante a été marquée par
l'ouverture de débats, voulus par Louis Viannet, qui ont conduit à
l'entrée de la CGT dans la Confédération européenne des syndicats où elle tient une place et joue un rôle très importants. Cette période a aussi été celle d'une remontée de l'influence et d'une amélioration de l'image de la CGT, ainsi que des syndicats en général. Nouvelles preuves que l'ouverture des grands débats produit des évolutions effectives du
mouvement syndical, qui vont à la rencontre des préoccupations des salariés.
Les choses sont devenues plus compliquées par la suite. Le débat sur le projet de traité constitutionnel s'est déroulé plutôt dans le pays (les entreprises, les familles et amis) qu'au sein de la CGT. Le climat au
cours du Comité confédéral national appelé à se prononcer a été bien trop tendu au regard d'un enjeu limité (donner une consigne de vote).
Comme s'il y avait là un règlement de comptes ! Preuve, sans doute,
que nous n'avions pas assez largement travaillé le sujet, mais sans doute aussi qu'il y avait des sujets de débats " cadavérisés " accumulés dans les placards.
C'est, sans doute, à travers les fâcheux épisodes vécus depuis plus de deux ans, ce qui a fait ressortir des questions propres à la CGT elle-
même. Nous ferions bien d'en débattre, en particulier de la démocratie, car nous en avons peut-être beaucoup parlé, mais nous n'avons guère avancé dans la pratique.
Le monde change de plus en plus rapidement et violemment. Toute
période d'attente dans notre tentative de comprendre ce changement nous éloigne de la réalité qui devient pour nous fuyante. Lorsque j'ai quitté la direction confédérale, je crois avoir dit ce qu'il fallait pour
laisser une trace publique et positive dans l'histoire de la CGT. Puis je me suis réjoui, des années plus tard, des avancées indéniables qui se sont produites dans l'esprit de cet article. Mais, aujourd'hui, je me
reproche d'avoir été trop optimiste. Les avancées en question sont
parties du sommet de l'organisation, et la plus grande partie des
structures de la CGT n'a pas bougé dans sa culture, dans ses idées et ses pratiques. Pour en donner un exemple, en 2008-2009, la " commission ad hoc " sur les structures de la CGT a fait un excellent travail. Mais personne n'en a parlé au 49e congrès qui a suivi, et rien n'a changé
depuis dans les structures de la CGT. Il est grand temps de réagir. Car la CGT va continuer à s'éloigner de ce qui est sa base par vocation.
Pensons par exemple à la question du nucléaire chez les jeunes. Si la CGT décrochait de sa base, la fin de son histoire pointerait à l'horizon.
Thierry Lepaon doit démissionner.
L'élu du 50e congrès de la CGT a perdu sa légitimité pour rester à la
tête de celle-ci. Les fautes qu'il a commises, graves et contraires à
l'éthique du mouvement syndical et ouvrier, lui rendent impossible de conduire l'évolution culturelle de la CGT.