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La Grèce prête à un accord qui exclut le sujet des retraites

Grèce international

Lien publiée le 19 mai 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Le FMI et la BCE pourraient juger insuffisantes les réformes prônées par la Commission européenne

Est-ce un nouveau coup de bluff pour rassurer et freiner les sorties de capitaux du pays, ou les négociations entre Athènes et ses créanciers – Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale européenne (BCE) et Union européenne – sont-elles enfin, cette fois, entrées dans leur dernière phase  ? Lundi 18  mai au soir, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, et son ministre des finances, Yanis Varoufakis, ont tous deux promis la conclusion d'un accord dans les prochains jours. "  D'ici à la fin de la semaine  ", a précisé Yanis Varoufakis lors d'une très longue interview tardive sur la chaîne de télévision privée Star.

Devant la puissante association des entrepreneurs et industriels de Grèce (SEV), le premier ministre avait, lui, confirmé quelques heures auparavant "  être dans la dernière ligne droite  "et présenté les pistes de compromis. "  Les objectifs d'excédent primaire pour cette année et l'année prochaine vont être revus à la baisse (…) et l'accord ne prévoira aucune nouvelle coupe dans les salaires et les retraites  ", a t-il déclaré. En contrepartie, le gouvernement grec a fait parvenir lundi à ses créanciers une proposition sur un système unifié de TVA prévoyant deux TVA possibles (au lieu de trois aujourd'hui). La première fixée à 18  % pour tous les biens et services en dehors de la restauration, des médicaments et des livres, taxés, eux, à 9,5  %.

Des déclarations qui interviennent alors qu'un peu plus tôt dans la journée un document, attribué à la Commission Junker, avait fuité dans la presse grecque. Selon ce plan, jugé plutôt favorable à Athènes, les créanciers de la Grèce proposent de débloquer d'ici à juin 5  milliards d'euros sur les 7,2  milliards de prêts encore disponibles dans le cadre du plan d'aide en cours. Les objectifs d'excédent primaire y sont fixés à 0,75  % du PIB pour 2015, 2  % pour 2016 et 3,5  % pour 2017 et 2018.

En échange, Athènes s'engagerait justement à revoir son système de TVA ou encore à maintenir l'impôt sur la propriété immobilière mis en place par le précédent gouvernement. Les questions qui fâchent, chères au FMI, comme une nouvelle baisse des retraites ou la réforme du droit du travail, et notamment du cadre des licenciements collectifs, seraient repoussées à l'automne. L'ensemble de la presse grecque accueillait plutôt positivement cette tentative de Bruxelles de débloquer les négociations, alors que la Grèce sera bientôt à court de liquidités.

Une autre musique

Un plan circule bien entre Bruxelles et Athènes, mais c'est encore un document de travail. Il n'a pas encore été soumis officiellement au gouvernement Tsipras et doit d'abord faire l'objet d'un accord entre les créanciers, assure une source européenne, lundi. Ce n'est pas gagné  : les réformes prônées par la Commission pourraient bien être considérées comme insuffisantes par le FMI, qui estime le système des retraites grec encore non soutenable, malgré les réformes dont il a déjà fait l'objet ces quatre dernières années. Dans un document interne, en date du 14  mai, qui a lui aussi "  fuité  " le week-end dernier, le FMI notait qu'il n'accepterait pas d'accord "  bâclé  " ("  quick and dirty  ").

Les 5  milliards que la Commission propose de verser à Athènes dans son dernier document correspondent de fait à l'aide que l'Europe s'était engagée à verser à la Grèce dans le deuxième plan d'aide (1,8  milliard). Pour le reste, il s'agit des profits faits par la BCE sur les obligations souveraines grecques rachetées depuis 2010.

Un bras de fer entre le FMI et la Commission va t-il s'instaurer  ? Pas impossible. Jusqu'ici, beaucoup répétaient à Bruxelles "  qu'il y a beaucoup plus de distance entre Athènes et ses créanciers qu'entre ses créanciers entre eux  ". Mais la Commission, depuis le début des plans de sauvetage pour la Grèce, fait entendre régulièrement une musique différente de celle du FMI. Et pour cause  : elle négocie au nom des 19 pays de la zone euro, dont les prêts à la Grèce ont une maturité moyenne de trente-deux ans. Avec un tel horizon de temps, ces prêteurs préfèrent imposer des réformes de long terme plutôt que d'exiger des mesures assurant un remboursement rapide de leurs créances. Au contraire du FMI, qui prête à beaucoup plus court terme – 10 ans – et exige donc des réformes susceptibles de faire rentrer au plus vite de l'argent dans les caisses du pays auquel il prête.

"  Un accord est possible  "

Plus généralement, la Commission, depuis le début des laborieuses négociations avec la Grèce, fait tout pour qu'un accord soit possible entre le gouvernement Tsipras et les créanciers internationaux – le président Juncker est lui-même très impliqué, assurent des proches. Ses responsables, Jean-Claude Juncker ou le commissaire à l'économie, le socialiste Pierre Moscovici, le martèlent depuis des semaines  : "  il n'y a pas de plan B  ", "  la place de la Grèce est dans la zone euro  ", ou encore  : "  un accord est possible  ". Ils sont conscients de l'urgence de la situation, et veulent tout faire pour éviter "  un Grexit  ".

Mais la Commission devra aussi convaincre la BCE et les Etats membres les plus réticents à l'égard d'Athènes  : car si elle négocie au nom des pays de l'eurozone qui ont prêté à la Grèce, c'est en Eurogroupe (réunion des 19 ministres de la zone euro) que sera prise la décision politique d'un accord avec Alexis Tsipras. Et, dans cette affaire, tous les pays ne sont pas alignés sur la Commission. Certains, comme l'Allemagne, sont plutôt sur la ligne dure du FMI. "  Et aucun accord ne se fera sans le FMI  ", assure une source européenne proche des négociations.

Yanis Varoufakis a rappelé que, si "  la rupture n'avait jamais été à l'agenda des discussions  ", l'incapacité à trouver un accord très rapidement pourrait conduire la Grèce à ne pas pouvoir payer en juin à la fois les salaires des fonctionnaires, les retraites et les échéances de remboursement au FMI (près de 1,5  milliard d'euros pour le seul mois de juin). "  Je préférerais faire défaut devant le FMI que devant les retraités  ", a répété le ministre des finances lundi soir.

Cécile Ducourtieux, et Adéa Guillot