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Un taux de chômage plus élevé aux Etats-Unis qu’en France ?

économie

Lien publiée le 23 mai 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2015/05/20/un-taux-de-chomage-plus-eleve-aux-etats-unis-qu%E2%80%99en-france/

Officiellement, le taux de chômage étatsunien a de quoi nous faire pâlir d’envie : 5,4% en avril dernier, contre 10,6 % chez nous en février, près du double ! Dans les deux pays, ces chiffres sont loin de décompter tout le sous-emploi, les non inscrits, les chômeurs et travailleurs potentiels découragés et bien d’autres façon d’être au chômage ou en sous emploi sans faire partie des chiffres officiels au sens du BIT.

Pour la France, j’avais estimé que le « déficit d’emplois » était compris entre 6 et 7 millions, « environ deux fois le chiffre officiel des chômeurs au sens du BIT en France entière ». Soit un taux de chômage au sens large de l’ordre de 20 %.

Mais la sous-estimation du chômage par les chiffres officiels est bien pire aux Etats-Unis, et cela commence à être reconnu, y compris dans ce pays. Un article des Echos du 17 mai, signé d’Antoine Colson, fait le point à juste titre, mais de façon incomplète. Je vais tenter de compléter.

Le point de départ est le contraste étonnant entre deux courbes, contraste qu’il convient toutefois d’interpréter. La première est celle du taux de chômage officiel, la seconde celle du taux d’emploi (proportion de personnes ayant un emploi dans la population des plus de 16 ans). Voici successivement ces deux graphiques.

Taux de chômage officiel (source : BLS) : une impressionnante décrue depuis 2009

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Taux d’emploi de la population des plus de 16 ans : une très forte décrue depuis 2000

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Résumons : 4,5 points de chômage officiel en moins depuis 2009 (en proportion de la population active), 4,5 points d’emplois en moins en proportion de la population adulte.

Il existe deux grandes explications de cette contradiction. La première est la forte croissance des « chômeurs découragés » ou des personnes en sous-emploi chronique. Je vais y revenir. La seconde est le fait que le taux d’emploi de la population adulte baisse mécaniquement quand la proportion de personnes âgées augmente dans la population adulte, ce qui est le cas.

Ce second phénomène est mis en avant par certains commentateurs américains pour effacer la mauvaise impression produite par la courbe du taux d’emploi. Or, sans être négligeable, il n’explique qu’une petite partie de la tendance. La preuve : le taux d’emploi a chuté également depuis 2000 quand on se limite à la population des 24-54 ans (graphique suivant) et même s’il a progressé depuis 2012, il reste inférieur d’environ 5 points à son niveau alors assez élevé.

Taux d’emploi des 25-54 ans

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En passant, le taux d’emploi étatsunien pour les 25-54 ans est depuis dix ans très inférieur au niveau français pour cette tranche d’âge. J’ai composé le graphique suivant sur la base des données d’Eurostat. En 2014, ce taux est de 77 % aux Etats-Unis et de 80,5 % en France.

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Revenons alors au chômage étatsunien dans toutes ses composantes, officielles ou cachées. L’article des Echos est clair sur ce point : « Une personne qui n’a jamais cherché, ou ne cherche pas ou plus de travail n’est pas comptabilisée dans les calculs du chômage. Aux États-Unis, près de 93 millions de personnes de 15 à 64 ans… sont dans cette situation. Un record historique. Qui sont-ils ? Des jeunes et des étudiants (pour environ 20 millions), des retraités et pré-retraités (50 millions)… mais aussi plus de 24 millions d’hommes et de femmes dans la force de l’âge (de 25 à 54 ans) qui ne cherchent pas ou plus à travailler. À côté, les 8,5 millions de “vrais” chômeurs (qui eux cherchent un emploi) font figure d’épouvantails. Certains commentateurs, comme Jim Clifton le président de l’institut Gallup, évoquent même “un grand mensonge du chômage”.

Il faut malgré tout faire le tri dans ces 93 millions pour ne pas dire de grosses bêtises. Je suivrai l’estimation du président de l’institut Gallup, parce qu’on peut la recouper avec d’autres sources que je vais citer : « Aujourd’hui, il n’y a pas moins de 30 millions d’Américains qui sont soit exclu involontairement du monde du travail, soit en situation de sous-emploi sévère ».

Si l’on ajoutait ces 30 millions aux 8,55 millions de chômeurs officiels, on obtiendrait UN TAUX DE CHOMAGE AU SENS LARGE DE 24,3 %, PLUS QU’EN FRANCE.

Estimations grossières ? Sans nul doute, car le « halo » du chômage d’une part est flou, comme tout halo, et d’autre part n’a pas exactement les mêmes caractéristiques institutionnelles dans les deux pays. Estimations « gonflées » ? Pas forcément, car voici ce qu’obtient aux Etats-Unis l’intéressant site « shadowstats » (statistiques cachées) :

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Pour être honnête, je mentionne que les évaluations de shadowstats font l’objet de critiques, dont celles-ci. Mais elles ne m’ont pas vraiment convaincu.