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Le Venezuela ferme sa frontière avec la Colombie

Colombie international Venezuela

Lien publiée le 28 août 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Le président colombien, Juan Manuel Santos, a dénoncé les expulsions des ressortissants de son pays

Bogota craint une crise humanitaire. Selon le recensement officiel, 861 Colombiens ont été expulsés du Venezuela depuis que le président vénézuélien, -Nicolas Maduro, a annoncé, samedi 22  août, la fermeture indéfinie de la frontière entre les deux pays. La mesure porte sur un tronçon long de 100 kilomètres à la hauteur des villes frontières de Cucuta, en Colombie, et de San Antonio, au Venezuela. Nicolas Maduro, qui entend " lutter contre les paramilitaires colombiens ", le crime organisé et la contrebande, a également déclaré l'état d'urgence dans six municipalités de l'Etat frontalier du Tachira, pour une durée prorogeable de soixante jours. Une vaste " opération de libération du peuple " (la nouvelle dénomination des opérations de police au Venezuela) a été déployée dans la zone. Les Colombiens qui, à -Cucuta, s'entassent dans les centres d'accueil mis à disposition, disent avoir été expulsés sans ménagement. Certains d'entre eux ont vu les forces de l'ordre vénézuéliennes détruire leur maison.

C'est la première fois, depuis l'entrée en vigueur de la Constitution de 1999 promulguée par Hugo Chavez (1999-2013), que le gouvernement vénézuélien a recours à l'état d'urgence. L'opposition accuse M. Maduro de chercher à faire diversion alors que démarre la campagne électorale pour les législatives du 6  décembre. Le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) a des raisons de craindre pour sa majorité, alors que le pays s'enfonce dans la récession et que les prix du pétrole – la principale ressource du pays – continuent de baisser.

Nicolas Maduro accuse les criminels colombiens de contribuer à la " guerre économique " menée par l'opposition pour déstabiliser son gouvernement. Lundi, le président vénézuélien s'en est pris une fois encore à l'ex-président colombien, Alvaro Uribe (2002-2010), qualifié de" très assassin chef des paramilitaires ".

Corruption généralisée

La Colombie et le Venezuela partagent une frontière de 2 219 kilomètres. Groupes armés, guérillas, paramilitaires, trafiquants de drogue et contrebandiers y sévissent depuis des années. La tension n'est pas nouvelle. Mais le problème de la contrebande a pris une ampleur inégalée depuis que le contrôle des prix et celui des changes instaurés au Venezuela stimulent un marché noir phénoménal, sur fond de corruption généralisée des deux côtés de la frontière. De l'avis des économistes, la contrebande est désormais plus rentable que le trafic de drogue. Elle contribue à aggraver la pénurie de produits de base que connaît le Venezuela.

Selon M. Maduro, quelque 120 000  Colombiens auraient immigré depuis le début de l'année, et " le Venezuela a atteint la limite ". Le chiffre est peu crédible, étant donné la crise que vit le pays pétrolier. Plus de cinq millions de Colombiens – ou de descendants de Colombiens – vivent au Venezuela (qui compte 30  millions d'habitants). La plupart sont arrivés après le choc pétrolier de 1973, les autres autour des années 2000, au plus fort du conflit colombien. Hugo Chavez avait favorisé leur nationalisation.

M.  Maduro a encore répété qu'il n'est pas " anticolombien, mais antiparamilitaire ".D'aucuns craignent pourtant les conséquences de ses propos. L'organisation de défense des droits de l'homme Provea a ainsi dénoncé " une dangereuse escalade xénophobe ". La lecture des réseaux sociaux vénézuéliens semble lui donner raison.

A Bogota, le président Juan -Manuel Santos a condamné, mardi 25  août, pour la première fois, les expulsions en cours, après avoir joué l'apaisement dans un premier temps. " Effectuer des descentes dans les maisons, sortir de force les habitants, séparer les familles, ne pas leur permettre de sortir leurs maigres biens et marquer les maisons pour ensuite les démolir, ce sont des procédés absolument inacceptables et cela nous rappelle des épisodes amers dans l'histoire qui ne doivent pas se répéter ", a-t-il lancé, alors que l'opposition " uribiste " et une partie de l'opinion publique critiquent l'attitude de M.  Santos, jugé trop conciliant.

La ministre des affaires étrangères colombienne, Maria Angela Holguin, doit rencontrer son homologue vénézuélienne, Delcy Rodriguez, mercredi 26  août, afin " de chercher le moyen de rétablir la normalité, la paix et la légalité " à la frontière. L'espoir de voir la crise se résoudre rapidement est mince.

LE CONTEXTE

État d'urgence

Le président vénézuélien, -Nicolas Maduro, a désigné, lundi 24  août, le général Carlos Alberto Martinez comme autorité responsable pour les six municipalités de l'Etat frontalier de Tachira, où il a proclamé l'état d'urgence.

expulsions

Depuis le début de la campagne de lutte contre le crime et la -contrebande à la frontière, plus de 1 000 ressortissants colombiens ont été expulsés vers leur pays. Des ONG ont dénoncé les atteintes aux droits de l'homme. Depuis vendredi 21  août, la Colombie a indiqué avoir reçu 691 adultes et 170 mineurs en provenance du Venezuela.

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(Le Monde) Le Venezuela, un pays aux abois

La chute du cours du baril accroît le risque d'un défaut souverain. Les revenus tirés de l'exportation des hydrocarbures ont chuté de 42 % en un an

Et si le ralentissement chinois, en conduisant Pékin à être plus regardant sur ses prêts aux pays émergents, portait le coup de grâce au Venezuela  ? On n'en est pas là mais la probabilité d'un défaut souverain s'accroît. En 2015, Caracas n'aurait pu respecter ses obligations internationales sans l'aide de la Chine. En 2016, le pays devra rembourser 10  milliards de dollars (8,7  milliards d'euros), alors que la chute des prix du pétrole le prive de la moitié de ses ressources et de devises.

Les revenus tirés de l'exportation sont tombés, selon Oxford Economics, à 42,5  milliards de dollars cette année, contre 74  milliards en  2014. Leur glissade, inachevée, amplifie les difficultés chroniques dans lesquelles se débat Caracas. Les chiffres parlent d'eux-mêmes  : une récession de 7  %, l'inflation la plus forte du monde (autour de 100  %), un déficit courant qui explose, des réserves de change historiquement basses (16,9  milliards de dollars à la mi-août) et représentant, pour celles qui sont vraiment liquides, un mois et demi d'importation.

Le tableau ne serait pas complet sans le dévissage de la monnaie et l'existence de trois taux de change (1 dollar pour 6 ou 15 bolivars au taux officiel, 1 dollar pour 700 bolivars au marché noir). La situation est si grave qu'une partie des statistiques économiques ne sont plus publiées. "  Le pays aurait déjà dû faire défaut  ", résume Juan Carlos Diaz Mendoza, économiste à la Société générale.

Magasins quasiment vides

Les pénuries de biens de première nécessité (lait, beurre, pain, etc.) et de médicaments augmentent dans un pays qui est pourtant le douzième producteur de pétrole au monde, le neuvième exportateur et qui possède les réserves prouvées les plus importantes de la planète. Une crise humanitaire s'y profile. Tous les jours, les Vénézuéliens font la queue devant des magasins quasiment vides. Bloomberg rapporte que le 31  juillet, un homme a été tué et plusieurs dizaines d'autres arrêtés dans la ville de San Felix, après que des clients furieux eurent dévalisé des épiceries et attaqué des véhicules de l'Etat. Une partie de la frontière avec la Colombie a été fermée pour éviter que les Vénézuéliens n'y dépensent des devises –  lorsqu'ils en ont  – en s'y procurant ce qu'ils ne trouvent pas dans leur pays ou en profitent pour faire du marché noir.

Au printemps 2014, le successeur d'Hugo Chavez à la présidence, Nicolas Maduro, semblait prêt à suivre les recommandations de son ministre du pétrole d'alors, Rafael Ramirez, qui préconisait un remède de cheval pour casser l'inflation et remettre l'économie sur le chemin de la croissance  : baisse des subventions, réduction de la dépense publique, unification des taux de change et centralisation des réserves de change… Mais M.  Maduro a très vite abandonné ce projet de"  nouvelle phase économique  "et opté pour un immobilisme économique doublé d'un durcissement politique dont il est peu probable qu'il sorte d'ici les législatives du 6  décembre. Un scrutin pour lequel l'opposition est donnée favorite dans les sondages, une première depuis le début des années Chavez, en  1998.

Le pays court après les devises. En échange de cash, il vient de consentir des effacements de dette de 2,5  milliards de dollars et de 1,5  milliard à la Jamaïque et à la République dominicaine. Et non content d'accorder un rabais de 38  % à la compagnie uruguayenne Ancap à condition qu'elle le paie, il a mis en gage une partie de ses réserves d'or (1,5  milliard de dollars…), vendu des raffineries, taillé dans ses importations et différé le paiement des milliards qu'il doit à ses fournisseurs étrangers. Un sauve-qui-peut général.

Circonstance aggravante, faute d'avoir suffisamment investi, la production de pétrole a  stagné ces dernières années, et Caracas devrait bientôt peiner pour approvisionner Pékin en or noir en échange des prêts chinois.