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    Le Donbass ignore la « désescalade » prévue par l’accord de Genève

    international Ukraine

    Lien publiée le 19 avril 2014

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Monde) La « République populaire de Donetsk » n'a que faire des compromis de papier. Demandez donc au « commandant Iouri », gardien de la frontière septentrionale de cette entité autoproclamée à l'est de l'Ukraine« Depuis quand ces messieurs de Genève se préoccupent des mineurs du Donbass ? », grince cet ouvrier au chômage, propulsé responsable du barrage au nord de Sloviansk . « Nous n'obéissons qu'à nous-mêmes, pas même à Sergueï Lavrov. »

    L'accord signé jeudi 17 avril sur les rives du lac Léman par le ministre russe desaffaires étrangères et ses homologues des Etats-Unis, de l'Ukraine et de l'Union européenne devait conduire à une désescalade. Il prévoyait la libération des bâtiments occupés dans tout le pays, ainsi que le désarmement des groupes d'autodéfense. Mais ce compromis, arraché en Suisse, ressemble à tant de lois votées à Kiev : sans impact sur la réalité. Genève paraît mort avant d'avoir vécu. Les séparatistes, à Donetsk, ont fait savoir qu'ils ne se sentaient pas engagés par son contenu.

    « La dernière fois que les Occidentaux ont signé un accord avec l'Ukraine, c'était pour organiser avec Viktor Ianoukovitch une élection présidentielle anticipée. Le lendemain, le président a été renversé par les fascistes de Kiev. Comment aurions-nous confiance ? » Dirigeant depuis 1994 d'un Parti communiste local moribond, Anatoli Khmelevoï est désormais l'un des chefs du conseil de Sloviansk. Depuis l'opération spéciale conduite par un commando armé professionnel, le 12 avril, la ville est la seule dans la région que les séparatistes et leurs soutiens russes tiennent intégralement.

    M. Khmelevoï y défend un projet urgent : interdire la vente d'alcool entre 20 heures et 10 heures. Mais ce n'est qu'une « proposition », s'empresse-t-il de préciser. A qui compte-t-il la soumettre ? Qui décidera ? Les insurgés de Donetsk, ceux-là mêmes qui prévoient la tenue d'un référendum sur la souveraineté de la région d'ici au 11 mai ? Ou bien les combattants russes ou criméens qui ont pris la ville ?

    FAIBLE IMPACT DES PALABRES INTERNATIONALES

    Leur présence, que l'on devine aux abords de l'immeuble des services secrets (SBU), n'est pas suffisante pour assurer l'ordre. Outre le problème – réel – de l'alcool, Sloviansk et ses quelque 100 000 habitants vivent dans une tension sourde qui ne relève guère d'une désescalade : ceux qui osent se plaindre disentavoir peur de sortir la nuit. Surtout, les miliciens prorusses veillent, dans une paranoïa des infiltrations et des attaques de leurs ennemis, indistinctement qualifiés de membres de Pravyi Sektor, la composante ultranationaliste de la révolution de Maïdan. Régulièrement, on annonce la découverte de mines ou la capture de « fascistes ». On ne les montre pas.

    Ioulia Timochenko, à la sortie de sa conférence de presse à Donetsk, vendredi 18 avril.

    Conscient du faible impact des palabres internationales sur le terrain, le gouvernement de Kiev cherche, laborieusement, à bouger. Quitte à traiter en interlocuteurs ceux qu'elle qualifiait hier de « terroristes ». Ioulia Timochenko était à Donetsk, vendredi 18 avril, le corps atteint, la verve intacte. Au lendemain de l'accord de Genève, l'ancienne première ministre, au bras d'un garde du corps, s'est montrée sous trois visages favorables : celui de médiatrice, oeuvrant pour la réconciliation nationale ; celui de l'organisatrice de la résistance contre l'« agression russe » ; celui de la candidate à la présidentielle du 25 mai, « qui ne doit pas être repoussée d'un seul jour ».

    Ioulia Timochenko voulait inaugurer, devant les caméras, le premier bataillon de volontaires pro-ukrainiens, comme si un rééquilibrage des forces – illusoire – s'opérait. Mais son principal objectif était d'ouvrir des négociations avec les représentants des séparatistes. Lesquels ? Mystère. « Je ne peux pas annoncerdes noms, car ces négociations sont très importantes », a dit la dirigeante du parti Batkivchtchina, dans un hôtel de Donetsk. Personne d'autre n'apparut dans sa foulée, à la sortie de la salle. Plus tard, à la télévision, la candidate annonça la tenue d'une mystérieuse « table ronde » avec des représentants de la société civile, à Donetsk, après les fêtes de Pâques ce week-end.

    KIEV, PRÊT AUX COMPROMIS

    Bluff ou dialogue réel ? En tout cas, la candidate a répété les propositions du premier ministre, Arseni Iatseniouk, prêt à des compromis inenvisageables il y a un mois : large décentralisation politique et budgétaire, par la voie d'une réforme constitutionnelle ; « statut plus fort » pour la langue russe. Mais ces mesures semblent déjà périmées en raison des positions maximalistes des partisans d'un référendum régional que Mme Timochenko estime « impossible », car « contraire à la Constitution ».

    Sagement, Ioulia Timochenko a choisi de distinguer l'opération spéciale de laRussie des problèmes régionaux. Elle est venue dans le Donbass avec des mots doux : « harmonie », « unité », « compréhension mutuelle », « écoute ». Des mots qu'elle n'avait jamais employés au cours de sa campagne présidentielle, en 2010.

    Il y avait quelque ironie à l'entendre pourfendre la classe politique ukrainienne pour ses dérives passées. Sans surprise, l'ancienne égérie de la « révolution orange » a gardé ses formules les plus tranchantes contre Viktor Ianoukovitch, son tourmenteur, à l'origine de son séjour de plus de deux ans en prison. Elle a ironisé sur les manières dont il pourrait réapparaître à Donetsk. « En sautant en parachute d'un avion, en rampant sur les genoux à travers la frontière ? Sur un véhicule de l'armée ? »